Vol en l’île

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Après une journée de préparation de la Coupe d’Europe 2011, l’atelier s’est offert une pause aérostatique. La journée a été très ensoleillée, le ciel parfaitement clair. 17h45 : la météo restera favorable d’après les prévisions pour la soirée. 18h15 : la fine équipe se met en route, direction le nord de Châtellerault, dans l’idée de voler vers le sud-ouest tout en s’écartant confortablement de la CTR de Poitiers.

Cet axe de vol nous permettra de trouver des terrains accueillants pour l’atterrissage ! Sur la route, le vent nous semble en fait orienté plus au sud… Notre plan de décollage ne change pas, nous maintenons le cap. 18h45 : notre convoi s’arrête au nord d’Ingrandes, le terrain est exposé au courant d’air. Le ballonnet d’hélium confirme nos dernières observations : route au 205-210°, très légère inflexion vers la droite en montant. Nous viserons la pointe de Forclan, au confluent du Clain et de la Vienne. Le vent souffle encore en rafales, nous patientons autour d’un mikado sur ridelle, dont Tiffaine est l’experte ! 19h15 : Les rafales se sont atténuées mais persistent. Rose-Anne lance les opérations.

Bien amarrés, nous tentons un gonflement. La ventilation et la chauffe sont sportives. Le ballon se balance joyeusement. On ne traîne pas au sol… 19h33 : nous avons décollé il y a quelques secondes. A bord : Seb, Guillaume, Rose-Anne aux commandes et Olivier, intronisé navigateur… La récup’ de choc – Amélie, François, Sylvain et Tiffaine – ne perd pas de temps pour se mettre en route ! Côté ballon, cap au 205°, Châtellerault en ligne de mire, nous frisons les 30 km/h. Et cherchons la gauche… Une fois passé ce petit relief qui se présente au sud-est (Bois des Niallières et de la Vallée), nous avons espoir de pouvoir recaler notre trajectoire vers Forclan… Que nenni !! Nous abordons la ville et ses vieux quartiers : la Vienne défile sous nos pieds.

Comme sur un ruban volant, nous passons le Faubourg Catherine, l’ancien hôpital, puis les ponts Henri IV et Camille de Hogues. Au fil du voyage, nous saluons les habitants, qui à son balcon, qui dans la rue, qui dans un jardin. La direction du ballon oscille entre le 190° et le 220°, sans changement d’altitude, et nous subissons sans cesse petits ralentissements et accélérations.

Nous avons déjà quitté la Vienne et abordons le sud de la ville. La récup’ passe sous le ballon au niveau du rond-point Pierre Brossolette, et la montgolfière file vers la forêt de Châtellerault ! Nous oublions Forclan, et visualisons notre axe de vol vers les silos de Naintré… Une clairière dans la forêt, et voilà que le ballon freine et tourne nettement à droite en descendant. Nous nous accrochons à l’espoir de cette nouvelle direction qui nous abandonne aussitôt. C’est reparti pour l’accordéon entre 13 et 23 km/h ; nous ne sommes pourtant pas sur l’autoroute ! Nous dépassons le Bouchot Marin sur notre gauche, traversons le Clain et abordons Chézelles. Il nous faut envisager l’atterrissage avant la forêt de Moulière. Juste après les Berthons, un petit bras de rivière, une ligne électrique, puis un grand espace dégagé s’ouvre sous nos pieds. Rose-Anne descend, et nous annonce : on se pose ici ! 20h16 : le ballon s’est immobilisé couché, Guillaume fait de la lévitation pour ne pas écraser Rose-Anne et Seb. Mais où sommes-nous ? Le GPS code notre position : 0927-8133… On dirait « l’Ile d’Andouard »… Une île ? Dans cette campagne viennoise ? Oh que oui ! Mais par où donc la récup’ va-t’elle nous rejoindre ? Elle n’est pas loin, Michel arrive en renfort et annonce notre atterrissage à l’équipe au sol médusée : « c’est pas possible, y’a pas de terrains ! ». Et cette double récup’ nous tourne autour, dans un sens, puis dans l’autre, et rebelote !

Une fois le ballon replié, les aéronautes se répartissent en deux paires, pour explorer le terrain et en trouver l’accès : en observant les cultures, les traces detracteur, et les enrouleurs d’arrosage, on ne peut qu’être confiants ! Pourtant Tiffaine commence à répéter dans la voiture : « Ils sont posés, mais ils sont mal posés, et ça c’est un problème ! ». Le petit perroquet a besoin d’être rassuré… Amélie propose d’aller chercher une barque pour nous extraire de notre doux piège. Si le tour de l’île est bucolique, les rats musqués nous narguent au passage. En effet, toujours pas l’ombre d’une sortie ! C’est Michel qui trouve la solution : arracher le propriétaire de l’île de sa soirée foot à la télé, et lui demander assistance pour venir nous chercher ! 21h35 : dans la nuit, nous voyons poindre les lumières du tracteur qui va nous ramener à la réalité.

On charge le matériel et les équipiers dans une benne, madame le commandant profite de son privilège à pénétrer dans la cabine de l’engin aux côtés de son
 charmant pilote. Le passage du gué est impressionnant : 80 cm d’eau, mais il faut bien connaître le chemin à suivre dans la rivière pour ne pas plonger en eau profonde ! Evidemment, l’accès au gué depuis l’île se situait sur les 100m de périmètre que nous n’avions pas explorés (sur près de 2 km parcourus)… Quel comité d’accueil à notre arrivée sur la berge ! Les retrouvailles réchauffent les cœurs, on raconte les moments vécus en vol et au sol.

Un grand merci à l’atelier pour ce vol et cette récup’ mémorables. Mille mercis à monsieur M. sans qui l’équipe volante et le matériel n’auraient pas regagné la terre ferme aussi facilement…

Tracé du vol